Madame Nathalie RAPIN, Madame Iris PERMENTIERS, Madame Laurine CALISTRI, Monsieur Clément DURAFFOURG, Professeur Jean PAYSANT, Docteur Isabelle LOIRET
Recouvrer la marche chez les personnes amputées est un vrai challenge. L'objectif de l'équipe multidisciplinaire est de proposer une rééducation spécifique à la personne et aux dispositifs médicaux (DM) composant la prothèse. Plus de 50% des personnes amputées transfémorales déclarent tomber au moins une fois par an (1). Un des objectifs du projet APSIC (ANR) (2), qui évaluait les défauts de marche de la personne amputée en situations contraignantes, était de proposer une solution technologique prothétique innovante. Une prothèse à microprocesseur genou-cheville-pied (SYNSYS) a donc été mise au point par l'entreprise Proteor® qui permet une triple flexion en phase d’appui et en phase d’oscillation permettant une augmentation du temps de pied à plat au sol (3) et une augmentation du Minimum Toe Clearance (MTC) (4). Ce nouveau mouvement prothétique permis nécessite des réglages adaptés et une rééducation spécifique au DM. L'objectif de cette présentation est de montrer l’importance de la collaboration étroite entre l’orthoprothésiste (OP) qui réalise les réglages du dispositif médical (DM), et le rééducateur (MKDE) qui réalise la rééducation à la marche prothétique pour un usage optimal de la prothèse SYNSYS.
Amputation trans-fémorale, Prothèse SYNSYS, rééducation spécifique, collaboration étroite orthoprothésiste-rééducateur
Le fonctionnement du DM a été expliqué par les ingénieurs de la R&D de Proteor® à l’équipe pluridisciplinaire composés de MKDE, OP et médecins MPR. Le système genou-cheville-pied SYNSYS géré par microprocesseur est muni de capteurs embarqués permettant de connaitre la phase du cycle de marche et l'environnement dans lequel la personne amputée évolue et ainsi d’adapter le comportement de la prothèse en fonction. Le genou et la cheville prothétiques sont gérés de façon concomitante par le microprocesseur permettant une triple flexion en phase d’oscillation et en phase d’appui. Le MKDE utilise l’outil d’analyse visuelle (5) prenant en compte le cycle de marche prothétique (phase d’appui et d’oscillation) dans les trois plans de l’espace. Pour chaque moment du cycle de marche, et selon les situations (plat, pente, escaliers), les objectifs du rééducateur et les conseils donnés à la personne amputée transfémorale, centrés sur les sensibilités extéroceptive, proprioceptive et kinesthésique, seront évoquées.
Après un alignement selon les recommandations du constructeur réalisé par l’OP, la collaboration entre MKDE et OP va débuter dès les premiers réglages de la prothèse SYNSYS. Pour chacun des réglages réalisés par l’orthoprothésiste, seront proposés les exercices de rééducation qui permettront d’affiner les réglages selon le ressenti du patient. Par exemple, l’appropriation de la mise à plat du pied au sol est réglée par l’orthoprothésiste grâce à la résistance à la flexion plantaire lors de la marche à plat. Des exercices extéroceptifs au sol par le ressenti de l’appui talonnier, proprioceptif en sentant la flexion plantaire maximale et kinesthésique par le contrôle actif du genou par la hanche seront proposés au patient pour une intégration de cette fonction innovante. Ce même réglage devra être testé et affiné lors de la marche en descente de pente. Des exercices spécifiques en pente y seront associés. La rééducation prend donc en compte les possibilités permises par SYNSYS et s'appuie sur les sensibilités extéroceptives, proprioceptives et kinesthésiques du patient lors des différentes phases du cycle de marche.
La création de cette rééducation spécifique à SYNSYS met en exergue l'importance de la connaissance du fonctionnement du DM et de ses réglages, et de la synchronisation des différentes sensibilités en fonction du cycle de marche afin de définir un couple « patient-prothèse » optimal. Il est donc nécessaire d’avoir une collaboration étroite entre l’OP, le MKDE et le patient, dans un centre SMR locomoteur, reconnu en Activité d’Expertise Amputés. En effet, les réglages peuvent être affinés tout au long de la mise en place du DM et nécessitent de le faire dans différentes situations de marche : plat, pente, escalier. Cette collaboration est le gage de la réussite de l’appareillage pour diminuer les défauts de marche de la personne amputée inhérents à l’appareillage antérieur.