Abstract

Introduction

Ces dernières années, les exosquelettes robotiques ont été de plus en plus intégrés aux programmes de neuroréhabilitation. Si leur efficacité dans la récupération locomotrice a été étudiée, leur rôle en tant qu’auxiliaires de réhabilitation fonctionnelle demeure encore peu exploré. Cette étude visait à quantifier les effets d’un programme de réhabilitation centré sur le gain d’autonomie chez des personnes atteintes de paraplégie complète, utilisant l’exosquelette auto-stabilisé Atalante, à travers une évaluation multidimensionnelle de la sécurité biomédicale, de l’utilisabilité fonctionnelle et de la confiance perçue des utilisateurs.

Mots Clés

exosquelette, locomotion, paraplégie, réhabilitation, sécurité

Corps du résumé / Matériels et méthodes

Une étude prospective, monocentrique et longitudinale a été menée auprès de 13 participants présentant une paraplégie complète chronique (ASIA A, niveau neurologique ≤ T6). Le protocole comprenait 60 séances réparties sur 6 semaines (2 séances par jour). L’évaluation multidimensionnelle était structurée autour de trois domaines : (1) la sécurité biomédicale (événements indésirables, tolérance orthostatique, intégrité cutanée, dépense énergétique), (2) l’utilisabilité technico-fonctionnelle (temps d’habillage, incidents techniques), et (3) la confiance perçue des utilisateurs (confort, sécurité, satisfaction).

Résultats

Onze participants ont complété l’ensemble du protocole. Un événement indésirable grave — une fracture du plateau tibial — est survenu chez un participant présentant une ostéoporose sévère (T-score de –3,8), soulignant la nécessité d’un dépistage systématique de la densité minérale osseuse. À la lumière de cette observation, nous recommandons une contre-indication stricte à l’utilisation de l’exosquelette pour les personnes présentant un T-score < –3,5 au niveau de la hanche. Les événements indésirables mineurs étaient rares et comprenaient des irritations cutanées transitoires et des inconforts modérés. Aucun cas d’hypotension orthostatique symptomatique n’a été observé. Le coût métabolique de la marche est resté stable sans surcharge cardiovasculaire ; toutefois, la perception de l’effort a diminué de manière significative (p = 0,003). Les incidents techniques étaient fréquents mais non sévères, et le temps d’habillage s’est nettement amélioré avec l’accoutumance des utilisateurs. Le score moyen de satisfaction sur l’échelle QUEST 2.0 était de 3,69/5. Le confort perçu s’est amélioré progressivement, bien que des baisses transitoires du sentiment de sécurité aient été rapportées après des épisodes de déstabilisation.

Conclusion

L’exosquelette Atalante apparaît comme un dispositif de réhabilitation faisable et sûr pour les personnes atteintes de paraplégie complète, permettant une marche dynamique sans appui manuel. Il a été bien toléré, associé à une faible dépense énergétique, et a suscité un haut niveau de satisfaction chez les utilisateurs. Néanmoins, la présence d’une fragilité osseuse sévère (T-score < –3,5) doit constituer une contre-indication stricte. Ces résultats soutiennent son intégration dans des protocoles intensifs de réhabilitation. Des études complémentaires en conditions écologiques sont nécessaires pour évaluer son impact à long terme sur l’autonomie et la participation sociale.

Bibliographie / Références

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